« Ce n’est pas que je sois si intelligent,
c’est que je me penche plus longtemps sur les problèmes » Albert Einstein
“Aller lentement revient à contrôler les rythmes de sa propre vie” Carl Honoré.
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Cet article a été publié dans le cadre d’un carnaval d’articles du blog 365-jeux-en-famille.com sur la question : « Lenteur rime-t-elle avec bonheur ? »
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Qu’est-ce que la lenteur nous apporte ? En quoi elle nous aide à accéder au bonheur à être plus heureux ? Et concrètement, comment ralentir ? Et si la lenteur était la clé pour mieux apprendre ?
J’ai toujours pensé que la lenteur était un élément de notre liberté. Un moyen de ne pas céder à la frénésie moutonnière de la modernité de notre société occidentale. Je me souviens que, petit garçon, je ne participais pas à la course qui consistait à « être le premier » : premier à se ranger devant l’enseignant, premier devant les portes de la cantine, premier à terminer son assiette…
Aujourd’hui encore, je refuse de me laisser emporter par ce flux de voiture, généralement au-dessus des limites de vitesse fixées par le code de la route, et je ralentis !
Pour certains d’entre nous, de l’enfance à l’âge adulte, lenteur peut rimer avec souffrance dans la mesure où le poids de la société nous indique que l’on est en décalage.
Car nous vivons dans une société où tout va toujours plus vite, ou la compétition devient le modèle dominant… En occident, nous vivons sous la domination du mythe de la performance et de la compétition !
L’école n’échappe pas à cette règle… Des programmes de plus en plus chargés, un mode d’évaluation (en temps limité) qui pousse à « gérer son temps ». Dans cet environnement, l’élève lent est fustigé, le candidat lent sera exclu des concours !
Ainsi, et encore de nos jours, la lenteur est considérée comme une faiblesse. Et pourtant, Nietzsche nous montre, qu’au contraire, elle est une force !
Afin de faire face à deux pathologies – la surexcitabilité et l’anarchie pulsionnelle, il n’y a qu’un seul remède, nous dit le philosophe : La lenteur. : « Comment devenir plus fort : se décider lentement, et se tenir obstinément ce qu’on a décidé. Tout le reste s’ensuit » [1]
Vers une « Slow life »
Depuis quelques années, la lenteur commence à avoir bonne presse. Effet de mode ou prise de conscience plus profonde ? L’avenir nous le dira.
Dans tous les cas, de nombreux auteurs ont écrit sur le sujet : je pense à Milan Kundera (La lenteur – 1995) , Pierre Sansot (Du bon usage de la lenteur – Payot et Rivages – 2000, vendu à plus de cinquante mille exemplaires ! ), Carl Honoré (Eloge de la lenteur )…
En France, depuis la fin des années 80, le mouvement « Slow » [2] ( Slow Food, slow-cities, slow travel…) , courant militant bas en brèche la société de la vitesse et réaffirme les vertus de la lenteur et proposant de ralentir notre rythme de vie.
Le mouvement « Slow » est une remise en question du « toujours plus » , qu’il s’agisse du travail (travailler plus !) , de l’économie (croissance vs décroissance) etc.
Mais il faut bien constater, qu’aujourd’hui, la vitesse reste une valeur dominante et la rapidité une demande sociale forte. On souhaite : être livré en 24 heures et une réponse immédiate à nos mails. Les journaux se livrent une course effrénée aux scoops, reléguant à l’arrière-plan, analyse et réflexion. Les informations s’enchaînent, avec internet, à la vitesse de l’instantané, et se déversent sans discontinuité et en temps réel sur les réseaux sociaux !
Notre société de la vitesse n’est-elle pas devenue inefficace ?
Vous connaissez la règle des « 20/80 », autrement appelée Loi de Pareto [3] ? Pour faire (très) vite, cette loi énonce qu’environ 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes. Utilisé au départ dans l’économie, cette loi peut s’appliquer à de nombreux domaines et par exemple à la productivité en entreprise.
Ainsi, on pourrait très bien, dans les entreprises retirer 80 % de tâches pour se concentrer efficacement sur les 20 % qui apportent réellement de la valeur ajoutée. [4]
Cette loi pourrait également être appliquée à l’école.
Résultat, on pourrait ainsi, en faire moins, ralentir, et par conséquent être plus heureux au travail ou à l’école.
« A l’école, on doit apprendre à être heureux », [5]
C’est certainement ce qu’on comprit les Finlandais, un des systèmes éducatifs les plus efficaces au monde et où les élèves ne vont en classe que 20 heures par semaine et étudient à la maison pas plus de 20 minutes par jour! [6]
Mais réaffirmer les vertus de la lenteur, ne veux pas dire qu’il faille tout faire lentement. Cela nous interroge sur ce qui est essentiel. Peut-être est-il préférable d’en faire moins, mais de le faire mieux !
“La lenteur ne signifie pas l’incapacité d’adopter une cadence plus rapide. Elle se reconnaît à la volonté de ne pas brusquer le temps, de ne pas se laisser bousculer par lui, mais aussi d’augmenter notre capacité d’accueillir le monde et de ne pas nous oublier en chemin. » Pierre Sansot
Et le bonheur ?
Je ne me lancerai pas dans une dissertation philosophique, je vous dirai simplement quelle en est pour moi sa représentation.
Pour moi, le bonheur, c’est être entouré des personnes qu’on aime, pouvoir faire ce que l’on aime et ressentir du bien-être et de la sérénité. C’est évacuer nos peurs et nos angoisses pour profiter du moment présent et savourer la vie. Et cela demande de ralentir !
Et si nous ralentissions ?
Mais que veut dire ralentir ? En quoi cela peut-il nous rendre heureux ? Comment faire lorsque tout, autour de nous, nous pousse à aller vite !
Comment faire pour ralentir ? [7]
8 conseils pour ralentir et être plus heureux :
1) Les urgences ne doivent pas nous gouverner : prendre le temps de faire les choses essentielles
« Rien de sert de courir, il faut partir à point »… Ce vers de la Fontaine nous donne une première réponse. Partir à point veut dire, s’organiser !
Ceci nécessite de faire le tri [8] dans sa vie entre ce qui est essentiel pour nous et ce qui ne l’ai pas… Actualiser nos priorités… Prendre le temps de se poser la question régulièrement et pour chacun de nos engagements… Faire le tri permet ensuite de se concentrer sur ce que l’on aime vraiment.
Ceci passe par organiser son temps et planifier permet de gagner en sérénité… Il serait trop long dans cet article de rentrer dans les détails de la gestion du temps, je renverrai sur une technique : Zen to Done[9] qui est une adaptation de la célèbre méthode Geting things done (s’organiser pour réussir) , ce système va vous permettre de réaliser vos tâches de manière simple et relaxe.
Il est important de faire passer l’essentiel et ce qui est important avant ce qui est URGENT.
2) Paradoxalement, savoir agir dans l’urgence
« La lenteur ne signifie pas l’incapacité d’adopter une cadence plus rapide ».
Car la rapidité peut être parfois une question de survie ! C’est une aptitude qu’il est nécessaire de développer et qui demande de la préparation. Et ici, la lenteur a toute sa place. C’est l’expérience acquise jour après jour, avec lenteur qui nous permet le jour venu d’agir dans l’urgence.
3) Savoir procrastiner intelligemment
C’est-à-dire savoir remettre au lendemain les tâches qui ne sont pas essentielles ni urgentes. Ce qui nous laisse plus de marge pour apprécier notre journée et le moment présent.
4) Se créer des habitudes et des routines, développer la stratégie des petits pas.
Savoir que les transformations positives (dans nos vies, dans l’entrepris) ne naissent pas en un jour ! C’est la répétition, de petites actions, jours après jour qui donnent les meilleurs résultats. Il faut savoir faire preuve de patience. Et un apprentissage n’échappe pas à la règle.
5) Savoir déléguer. Les autres aussi savent faire…
Et parfois mieux et plus vite que nous. , j’ai en tête cette phrase d’une carte postale humoristique qui disait « Aimer le travail bien fait et pour cela ne pas hésiter à le faire faire par les autres ». C’est de l’humour bien entendu, mais ne cache-t-elle pas une vérité ?
6) Éviter le multitâche
Le multitâche est le nouveau fléau de notre société. Celui-ci est démultiplié par les outils numériques et l’illusion de notre omniprésence ! De récentes études [10] on dévoilé que nous ne pouvions pas bien faire deux choses à la fois ! À vouloir aller trop vite… Nous obtenons le résultat inverse à celui recherché.
7) Prendre de VRAIES pauses ET respirer
L’importance des VRAIES pauses, lorsque nous travaillons est primordiale afin de répondre au fonctionnement de notre cerveau. « La concentration est comme un muscle: pour pouvoir fonctionner, elle ne doit pas être surmenée ». 52 minutes de travail et 17 minutes de pause semblent être le bon rythme. [11]
8) Méditer pour apprendre à se concentrer et lâcher prise
Enfin, remède ultime pour vraiment ralentir, s’accorder des purs moments de sérénité avec la pratique de la méditation.
La méditation est un outil pour nous aider à lâcher prise et faire face à ce tourbillon de la vie !
La méditation est actuellement « à la mode », mais ce n’est pas une raison pour s’en désintéresser, bien au contraire. Popularisé notamment avec, le livre de Mathieu RICARD [12], la méditation est l’objet de différentes études qui montre ses bienfaits, notamment sur le bien-être psychique (Stress, l’anxiété…) .
Et vous, êtes-vous prêt à ralentir ?
Dites le moi dans les commentaires ci-dessous en partageant vos trucs et astuces !
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Notes :
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[1] S’affirmer avec Nietzche, Par Balthasar Thomass Ed Eyroll, 2010
[2] Cf : Carl Honoré, porte parole du Slow movement, dont le slogan est « prenez le temps de vivre »
[3] Le principe de Pareto doit son nom à l’économiste italien Vilfredo Pareto,
[4] Le lecteur me pardonnera ce raccourci. Mais ce qu’il faut retenir, c’est le principe qui montre que les organisations sont souvent centrées sur l’activité plus que sur le résultat final.
[5] Cette phrase a été prononcée par une enseignante de Finlande dans le film de Mickael Moore « Where to invade Next » 2015.
[6] https://www.youtube.com/watch?v=gg1cSt3wEME
[7] Inspiré librement du livre de Vincent Rousselet Blanc : « C’est décidé, je ralentis. » et de Lenteur Mode d’Emploi de Carl Honoré.
[8] “Faire le ménage”, nous dit Vincent Rousselet Blanc
[9] https://habitudes-zen.net/2009/zen-to-done-ztd-lultime-systeme-simple-de-productivite/
[10] https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-secret-de-notre-cerveau-multitache-enfin-revele_29561
[11] http://www.slate.fr/story/92221/52-minutes-de-travail-17-minutes-de-pause
Bonjour, merci pour ton article :-). J’ai envie de revenir sur la partie qui concerne l’école… On compare souvent l’école française à d’autres pays d’Europe car elle a ses limites (c’est sûr…). Je suis prof des écoles et une fois, alors que je travaillais en maternelle, une inspectrice m’a reproché de faire une pause pour leur donner à boire… Elle aurait voulu que je profite de ce moment pour les faire chanter en même temps. Idem pour certains inspecteurs qui ne comprennent pas qu’en petite section, certains enfants ne viennent pas l’après-midi parce qu’ils sont trop fatigués. Bref. Pour parler de la Finlande. Il y a en effet plein de très bonnes idées je trouve. Mais, je suis tout à fait d’accord avec cette phrase: “Peut-être est-il préférable d’en faire moins, mais de le faire mieux !”. A mon avis, il serait réducteur de se dire que si l’on diminuait le temps de scolarité des petits français, tout rentrerait dans l’ordre car il y a tellement de choses à prendre en compte (c’est pour ça que j’aime beaucoup la fameuse phrase que tu as ensuite notée 🙂 )… En Finlande (je pose réellement les questions, je n’en ai pas la réponse), combien sont-ils par classe? Combien y a-t-il d’adultes par élèves? Quant à l’apprentissage de la langue: le français est une langue très difficile donc comment comparer l’apprentissage de deux langues différentes? Donc, pour moi… oui pour réduire le temps de scolarité (“en faire moins”) mais à condition de réunir toutes les conditions pour que cela se passe bien (“le faire mieux”). C’était une petite (toute petite) partie de ma réflexion sur l’école :-).
Merci beaucoup Emeline pour ce commentaire. (j’ai mis un peu de temps à le valider, j’espère que tu accepteras mes excuses). C’est vrai qu’il y a tant à faire et qu’il ne suffit pas simplement de réduire le temps de scolarité… J’ai parlé du temps scolaire, car cela interroge la lenteur. Pour ce qui est de la Finlande, la réforme a pris plus d’une dizaine d’années et ne concerne pas uniquement le temps de scolarité. D’après un reportage que j’ai visionné, il est question de 20 élèves et 2 professeurs par classe. Mais il faudrait approfondir pour savoir quelles sont les classes concernées. Ceci dit, c’est tout une approche de l’école dont il est question, même s’il ne faut pas tout idéaliser.
Bonjour Rémi, oui oui, tout à fait, le thème était lié à la lenteur. Je n’ai pas pu m’empêcher de “dévier” ;-). Je trouve que c’est vraiment intéressant de voir comment fonctionne la scolarité dans des pays comme la Finlande pour pouvoir s’inspirer de ce qui fonctionne bien “à côté”. Même si en avoir conscience ne suffit pas mais ça, c’est un autre débat :-).
Bonsoir et merci pour votre article qui propose un sujet qui m’intéresse énormément car de nos jours personne ne prend le temps de vivre. On ne profite jamais de l’instant présent, on ne fait que penser à demain et du coup on laisse le temps filer entre nos doigts sans même le voir passer. Notre société critique la paresse et la dénonce alors que parfois apprendre à ne rien faire c’est aussi se retrouver soi-même.
Merci pour le commentaire ; -)